Résumé : Soigner des adolescents dans un service public de secteur implique un dialogue quasi
permanent avec un certain nombre d’institutions ; ces relations peuvent aller de la
coopération à la confrontation, selon l’institution et selon la situation clinique. La
famille, en général éprouvée par le contexte, nécessite une remise en circulation du
dialogue et l’émergence de ce que l’on peut appeler « le bon parent », condition plus
ou moins fictive de l’avancée du traitement. L’Éducation nationale est l’autre grand
interlocuteur, et elle peut être d’une aide précieuse, surtout lorsque des relais (médecin
ou infirmière scolaire) assurent l’interface entre le médical et le pédagogique. L’Aide
sociale à l’enfance, lorsqu’elle est partie prenante, pose des difficultés de collaboration
qui tiennent aux rigidités propres à tout organisme public alors que, inversement,
dans notre expérience, la collaboration avec les forces de l’ordre est souvent de très
bonne qualité. Plusieurs vignettes cliniques illustrent le propos.
Résumé : Ferenczi nous oriente sur la question des liens entre psychanalyse et éducation. Dans une première partie, cet article décrit comment Ferenczi travaille, guidé par la clinique du traumatisme. Il nous transmet ses essais et erreurs, concernant les « techniques », liés à sa pratique psychanalytique. Il mobilise un rapport au savoir de recherche qui s’oppose frontalement à un savoir ritualisé dans la cure qui, de fait, reconduit la situation traumatique vécue par le patient.
Dans un second temps, est étudié en quoi la formulation de la différence de l’enfant à l’adulte proposée par Ferenczi annonce la méthode que proposera Balint pour analyser en groupe la relation médecin malade. Ce premier type de dispositif clinique annonce les groupes cliniques d’analyse des pratiques professionnelles éducatives souvent développés en Sciences de l’éducation.
Résumé : Depuis la traduction de
La crise de la culture
en 1972, anti-pédagogues et pédagogues se sont approprié l’article « La crise de l’éducation » (1958/2000). Pourtant, la conception de l’autorité qu’Arendt développe n’entre pas dans l’opposition entre conservateurs et progressistes : elle nous invite plutôt à penser une autorité « non autoritaire », qui ne se laisse pas confondre avec la domination en général. Dès lors, la valorisation de l’autorité, comme essentielle à la conduite d’une vie collective satisfaisante et à la transmission de l’amour du monde aux jeunes générations, ne fait pas d’elle une philosophe autoritariste ou conservatrice, dans le sens où l’emploi de la force serait pour elle nécessaire à l’obéissance des citoyens (ou des élèves dans le cadre de l’école) et à la durabilité d’un régime politique. L’originalité de sa position est qu’elle ne cherche en aucun cas à élaborer une pensée politique ou pédagogique indiquant un protocole à suivre, mais propose une réflexion politique sur l’éducation, d’où la pertinence de ces travaux pour analyser et comprendre la crise actuelle de l’autorité politique et pédagogique.
Résumé : la présente investigation entend analyser une expérience éducative d’inspiration orientale : Auroville, en Inde, près de Pondichéry. Cette éducation propose non une progression scolaire homogène et téléologiquement orientée, mais une exploration ouverte de plusieurs univers, pour en penser et en expérimenter les bouleversements, de nature à introduire les élèves dans un monde incertain. Il s’agirait dès lors de penser un modèle alternatif, écologique, spirituel, qui prendrait corps dans un archipel scolaire, où chaque école aurait la forme de petits aurovillages, sur le modèle de la société utopique d’Auroville, avec la création d’une cuisine solaire, d’une médecine par le son, d’un jardin de culture, placé sous le signe de l’écologie politique. Cette expérience de pensée s’accompagne également de considérations critiques pour montrer les limites intrinsèques d’un tel modèle, lequel pourrait néanmoins inspirer quelques audaces pour reconsidérer les systèmes éducatifs contemporains.
Résumé : Hannah Arendt est régulièrement convoquée en philosophie de l’éducation lorsqu’il est question de l’autorité éducative.
Qu’est-ce que l’autorité ?
et
La crise de l’éducation
sont deux essais de la philosophe considérés comme pertinents pour nous aider à penser ce sujet, encore aujourd’hui. Plus précisément, certains passages de ces textes sont fréquemment cités dans différents travaux relatifs à l’autorité et apparaissent dès lors comme des références incontournables. Cette contribution entend montrer que ces mêmes passages sont en réalité incapables de fournir un éclairage clair et consistant de l’autorité éducative. Ils révèlent en outre une inconsistance de la pensée d’Arendt sur ce sujet, venant ainsi questionner son statut de référence sur la question. Loin de constituer une source judicieuse pour penser l’autorité en éducation, nous soutenons que ces textes sont très insatisfaisants d’un point de vue philosophique et conceptuel. Nous concluons par un appel pour une philosophie de l’éducation davantage soucieuse de l’argumentation et de la consistance des thèses que du respect des grandes figures philosophiques.