Résumé : L’effet de l’origine sociale sur les parcours scolaires et les niveaux de diplômes atteints est un des faits sociaux les plus documentés en sociologie depuis les années 1960 (Bourdieu & Passeron, 1964 et 1970 ; Baudelot & Establet, 1971 et 1975). Particulièrement vif dans les années soixante-dix, le débat sur la dimension méritocratique de l’école est toujours d’actualité (Dubet, 2016 ; Blanchard & Cayouette-Remblière, 2016). La montée en charge vers l’objectif de 80 % d’une classe d’âge au baccalauréat et la massification de l’enseignement supérieur répondant à celui de 50% de diplômé(e)s du supérieur ne se sont pas accompagnés d’une réduction notable des inégalités. Récemment, François Dubet faisait encore le constat d’une école française qui, loin de les réduire, accentuait les inégalités entre les élèves, le poids de l’origine sociale sur les performances des élèves y pesant bien plus qu’ailleurs. À partir des années cinquante, si la plus grande ouverture des portes du lycée à un plus grand nombre d’élèves et la croissance économique qui nécessitait un besoin impératif de cadres et de travailleuses et travailleurs bien formé(e)s, ont donné à l’école l’image d’une institution capable d’offrir à toutes et tous l’égalité des chances de s’élever dans la société, cette réalité a été de courte durée : « La promesse scolaire n’était plus seulement celle de l’instruction commune, elle est devenue celle de l’égalité des chances méritocratique, celle d’une école capable d’abolir les obstacles économiques et sociaux à la réussite scolaire. Depuis cette période, qui a duré une vingtaine d’années, l’égalité des chances est devenue la figure cardinale et indiscutée de la justice scolaire. (…) comparée à des pays comparables, l’école française devrait assurer mieux que d’autres une certaine égalité des chances. Or il n’en est rien et la France est le pays de la reproduction des inégalités sociales et scolaires. » (Dubet, 2016). Ainsi, le système scolaire français ne permet pas à l’ensemble des jeunes, quelle que soit leur origine sociale, d’avoir les mêmes chances de réussir et d’acquérir les mêmes diplômes et, en conséquence, d’avoir les mêmes armes et bagages pour entrer dans les mêmes conditions sur le marché du travail