Résumé : Cet article vise à dégager certaines idées de mise à l’épreuve des thèses d’Arendt sur le monde moderne et la crise de l’éducation à l’épreuve de l’hypermodernité démocratique et de la société des individus. Nous commençons par présenter notre propre cheminement dans l’œuvre arendtienne, puis nous nous consacrons plus longuement au concept arendtien de natalité comme clé heuristique précieuse. Nous confronterons ensuite la conception de l’enfance d’Arendt, élaborée de fait avant le début des années 1970, et ce que nous avons appelé ailleurs l’enfance de l’humanité démocratique. Un quatrième temps de notre propos fait fond sur les critiques adressées à l’œuvre arendtienne par Shklar. Enfin, nous soutenons que l’étude du rapport d’Arendt à l’individualisme démocratique permet de mieux cerner ce qui, dans ses apports compréhensifs et normatifs, peut ou non nous inspirer de manière féconde pour penser l’éducation aujourd’hui.
Résumé : Que fait-on de la relation à l’autre dans un contexte où la responsabilisation et l’autonomie se confondent parfois avec la culpabilisation ? Au travers d’instants du quotidien en CHRS, une éducatrice de jeunes enfants retrace, avec une pointe d’humour, les interrogations et difficultés rencontrées face à des politiques et des logiques gestionnaires. Elle témoigne de son engagement et de l’attention qu’elle porte aux personnes accompagnées mais aussi des moyens qu’elle déploie pour continuer à agir individuellement et collectivement, en équipe et en réseau.
Résumé : L’objet de cet article est de mettre au jour ce que l’œuvre de Michel Houellebecq nous permet de penser et de comprendre de la tension constitutive entre individualisme démocratique, modernité et éducation. Nous montrons qu’il propose une vision de ce que seraient un antimodernisme et un anti-individualisme éducatifs radicaux. Nous précisons d’abord quelques éléments de méthode inhérents à la confrontation que nous proposons à ces questions et invitons à affiner la distinction entre ce qui, chez le romancier, relève respectivement de la volonté de rendre compte de l’époque en général ou de celle de faire valoir son point de vue propre. Nous synthétisons ensuite les principaux traits de la mise en scène par Houellebecq de relations éducatives dans différents lieux éducatifs, comme la famille ou l’école, ainsi que du vécu subjectif d’apprentissage de celles et ceux qui les vivent. Nous resituons enfin les propos de l’écrivain comme une déclinaison spécifique, ici éducative, et hyperbolisée d’une posture antimoderne et anti-individualiste plus globale.
Résumé : Alors que la loi bioéthique vient d’être votée, différents acteurs lors de ce colloque ont cherché à étudier sous leurs angles respectifs le changement de paradigme opéré par cette loi, résolument très libérale. A travers une grille de lecture héritée des ordres de Pascal, les différents niveaux de discours moral, politique, juridique et scientifique servent de référence à l’évaluation d’un discours souvent très contrasté. L’évolution du paradigme de la loi bioéthique, à la loi zoéthique, en quête de légitimité sociale et de réponse aux désirs individuels, marque un tournant dans les révisions des lois de bioéthique. Dans ces conditions, la loi bioéthique ne perd-elle pas sa raison d’être, universelle ?
Résumé : Éducateurs et sociologues décrivent une génération de jeunes qui refuserait toute autorité, qui manquerait d’autocritique, qui aurait une difficulté à faire des compromis, et qui dans le même temps serait fragile, qui revendiquerait que l’on reconnaisse sa souffrance et que l’on prenne soin d’elle. Dans une perspective psychosociologique, que peut-on dire des effets de l’accélération, de la place prise par l’individu sur le collectif ou encore de la perte de croyance en l’avenir et de cette clinique de l’inespoir de certains jeunes qui hésitent à quitter le territoire familier de l’enfance pour cheminer dans ce monde adulte décrit comme prêt à s’effondrer ? Comment comprendre cette précarisation narcissique de la jeunesse et de la place parentale actuelles ?